Un projet lauréat
Ce projet ambitieux tend à démontrer les capacités de la technologie APS Alstom en vue de faire émerger un système de route électrique pour décarboner la mobilité routière longue distance en France, voire en Europe, à l’horizon 2030.
Le projet eRoadMontBlanc est lauréat de l’appel à projets « Mobilités routières automatisées, infrastructures de services connectées et bas carbone » de France 2030. Il vise à proposer une solution concrète pour une décarbonation massive du transport routier grâce à la route électrique (Electric Road System – ERS).
Identifiée par le Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires dans l’étude publiée en 2021, cette technologie change le paradigme du transport électrique en permettant d’alimenter et de recharger les véhicules pendant qu’ils roulent.
Le principe du projet eRoadMontBlanc repose sur un système d’alimentation par le sol (APS). Cette technologie a été développée par Alstom pour le tramway il y a plus de 20 ans et sera adaptée à la route. Une piste d’alimentation électrique, insérée dans la chaussée et affleurant au niveau du sol, permet la captation du courant sous le véhicule grâce à un bras articulé, équipé de patins frotteurs, qui se posent sur les segments conducteurs.
La conception de véhicules innovants
Pour démontrer les possibilités offertes par cette solution, plusieurs véhicules seront testés : véhicules utilitaires, camions et autocars.
Pronergy se charge de la mise au point du fonctionnement du capteur de courant rétractable capable de capter l’énergie dans l’infrastructure pour alimenter tout type de véhicules et l’intégrera dans les véhicules utilitaires.
Greenmot convertit un camion de 44 tonnes et un car en véhicules zéro émission, rétrofités d’un moteur diesel vers une motorisation électrique et équipés de l’architecture électrique adaptée à la captation du courant. Greenmot se chargera également de l’intégration du capteur de courant rétractable sur ces deux véhicules.
Les bénéfices du projet eRoadMontBlanc
Les usagers gagnent une liberté de déplacement sans contrainte. Plus besoin de s’arrêter aux bornes électriques du réseau pour recharger. Grâce à une technologie fiable, les trajets sont accomplis dans des délais similaires à ceux actuels.
Réduction des émissions de GES
Par rapport à d’autres vecteurs énergétiques et d’autres technologies, sur l’ensemble du cycle de vie d’un véhicule, celle-ci réduit considérablement les émissions.
Facilitation du stockage d’énergie
L’ERS permet de réduire le nombre et la taille des batteries embarquées et ainsi de réduire les impacts des extractions de ressources métalliques.
Diminution des pics de charge d’électricité
Le principe d’alimentation continue permet d’éviter la recharge de nombreux véhicules en parallèle et donc de limiter le phénomène de pics de charge.
Interopérabilité
Le principe du système d’alimentation est adaptable à tous types de véhicules (voitures, bus, fourgons, poids lourds…).
Un projet en deux étapes
Le projet eRoadMontBlanc entend démontrer la faisabilité opérationnelle et technique et la durabilité de son système. Il se déroule sur quatre ans et se découpe en deux phases principales.
Phase 1
La phase 1 du projet se concentre sur la création d’un démonstrateur opérationnel prévu pour fin 2024 sur la plateforme d’expérimentation de Transpolis. Les essais visent à valider les technologies mises en œuvre et à garantir la sécurité du système et des usagers de la route.
Cette phase d’expérimentation évalue dans divers cas d’usage le bon fonctionnement du système et ses performances :
- La compatibilité avec les conditions hivernales,
- L’interopérabilité entre différents types de véhicules (utilitaires, camions…),
- La compatibilité avec des configurations routières particulières (courbes, dévers supérieur…),
- La flexibilité de captation latérale,
- L’efficacité du transfert d’énergie par contact (≥ 97 %),
- La puissance transférée pouvant atteindre 500 kW (pour les poids lourds) permettant d’alimenter le véhicule et de recharger les batteries en même temps.
En parallèle, l’Université Gustave Eiffel développe un jumeau numérique pour simuler le système, afin d’optimiser le nombre d’infrastructures à déployer.
Phase 2
La phase 2 du projet prévoit de transposer l’expérimentation sur le réseau d’ATMB d’ici 2026/2027, avec des essais grandeur nature sur un kilomètre de la RN205, en direction de Chamonix et de l’Italie, au pied du Mont Blanc. Ces tests visent à valider le principe de recharge dynamique et à répondre aux exigences des autoroutes en matière de sécurité, de robustesse et de maintenabilité, notamment en ce qui concerne la viabilité hivernale.
Cette phase marquera plusieurs premières mondiales par sa configuration. La première section de route électrique permanente sera construite et exploitée dans un environnement critique : 1 000 mètres d’altitude avec une pente moyenne de 4 %. Les essais mettront également à l’épreuve l’interopérabilité avec trois types de véhicules : un utilitaire, un autocar et un camion. Le démonstrateur sur route ouverte mettra l’accent sur la fiabilité du système avec de nombreux passages (+ de 200 passages par jour) dans des conditions réelles d’exploitation prenant en compte le trafic existant.
Des financements français et européens
Le projet eRoadMontBlanc est financé par plusieurs parties, publiques et privées, souhaitant faire avancer l’innovation et développer les mobilités de demain.
Le projet a été financé par l’État français dans le cadre de France 2030 et par l’Union européenne – Next Generation EU dans le cadre du plan France Relance.